Trentaine ordinaire

Caro (ouais, je sais je l'appelle Caro alors qu'elle n'a jamais entendu parler de moi, mais bon depuis le temps que je la lis…) demande des anecdotes sur les "'instants fondateurs" d'un couple.

A 25 ans, j'étais en pleine une période minitel (ne rigolez pas, en 97-98 internet grand-public était encore en gestation) et cela tournait pas trop mal, en moyenne 15 jours de recherche pour 1 mois de couple:
bref c'était une bonne année pour un jeune célibataire qui croque la vie avec envie et plaisir (et ses premiers salaires).

En anecdote de cette période, moi qui avait été nourri aux films et séries américaines, saturées de la règle des 3 date^[1], j'ai été fort surpris (et aussi souvent dépourvu) de me retrouver régulièrement sans caleçon (et sans capotes, heureusement ces dames en avaient) bien plus vite que je ne l'espérais.

Et puis un jour, le collègue a qui j'expliquais que j'étais claqué car j'avais peu dormi (ne fantasmez pas trop, c'est surtout que j'avais du me lever tôt pour revenir d'une ville provinciale) m'a posé cette question ingénue et qui a pourtant changé ma façon de voir ma nouvelle copine.

"Elle est jolie?"

Bon, moi non plus je n'ai pas compris l'intérêt de la question, je suppose que c'était seulement une question-réflexe, genre le "ça va?" du matin.

Toujours est-il que je n'ai pas su répondre.
Je ne savais même pas si ma nouvelle copine était jolie ou non, je ne m'étais pas posé la question, elle me plaisait… tout simplement^[2].

J'adore la copulation au petit matin.

C'est un acte spontané, nature, brut, originel^[1]
bien loin de la sophistication des usuels duels d'amour.

De par la nuit passée sous la couette, les peaux sont chaudes et moites,
remplies de fragrances naturelles, un régal pour nos sens habituellement soumis aux dictats de l'hygiènisme du déodorant.

Vous voyez le délice que c'est de consommer une baguette bien chaude, juste sortie du four?
En fait, le plaisir vient surtout du fait que votre corps en fait un parallèle avec ces jouissances matinales et animales.

Un couple n'est vrai que s'il est capable de cette communion spontanée avant même le réveil.
Ce ne sont pas les corps qui parlent mais les inconscients!

Faites l'amour le matin:
Faites-le mal, faites-le vite mais faites-le!!!

Voici un de ces fameux objets "inutiles donc indispensables": le lutrin (ou porte-livre, ou support livre).

Moi qui adore lire à table c'est vraiment un accessoire agréable.

Vous remarquerez que j'ai la version luxe avec l'option "bloque-pages".

Déjà dans les toilettes messieurs, il y a des urinoirs^[1] et cela limite les dégâts.

Mais surtout, surtout c'est là qu'intervient Pavlov.

Que fait une femme en entrant dans des toilettes sales?
Si c'est chez elle, elle hurle sur son mari et/ou ses gamins et fait le nécessaire pour rendre le tout propre (soit le faire elle-même, soit demander au fautif présumé de le faire -et repasser derrière parce que c'est mal fait pas fait à sa façon)

Si c'est au boulot, elle fait le tour des étages histoire d'en trouver des propres à salir, puis va pester à la machine à café sur l'état déplorable des sanitaires^[2].

Que fait un homme en entrant dans des toilettes sales?
Si c'est chez lui sa femme, il se dépêche de laver (le plus gros hein -un coup de papier-cul sur les gouttes, un coup de brosse à l'intérieur- il n'est pas question d'aller chercher une éponge et de la javel) (détail important: même si les dégâts ne sont pas de lui) avant que sa femme ne sa femme ne mette à gueuler.

Si c'est chez lui au boulot à son boulot, pouf réflexe, la brosse est déjà en train de gratter avant qu'il ne se rende compte que sa femme ne gueulera pas^[3].

Depuis que je travaille, j'ai toujours entendu les femmes se plaindre de la (mal)propreté de leurs sanitaires réservés.

Les hommes, quant à eux, pestent de temps en temps sur un prédécesseur aux boyaux particulièrement malades (et odorants), mais bon sans plus.

Au début, je pensais juste que, cela se voit à la maison, les hommes avaient une tolérance plus élevée en matière de propreté que les femmes.^[1]

Mais en fait non!
A force d'anecdotes, j'ai fini par être convaincu que "oui effectivement les chiottes des femmes sont dégueulasses".

Mon hypothèse de base était que par peur de s'asseoir, elles s'adonnaient à diverses acrobaties afin de pas toucher la cuvette (pourvoyeuse potentielle de maladies),^[2][3] acrobaties qui augmentent notablement la probabilité de dégâts collatéraux.

Deuxième hypothèse: une dame est une princesse, elle fait à peine pipi^[4], et surtout pas popo.
En tout cas pas chez soi, où son amoureux pourrait l'entendre, donc par défaut au boulot.

Deuxième hypothèse-bis: une maman n'a pas une minute d'intimité à elle. Il y a toujours un gamin (voire le mari) à venir parler à la porte des toilettes, voire à rentrer dans la pièce d'aisance.^[5][6]

En rajoutant par dessus des habitudes alimentaires bien fibreuses, on obtient une bombe boyautique presque hebdomadaire et là aussi on peut supputer^[7] des dégâts collatéraux bien ignobles.

suite au prochain épisode car
1) je n'ai pas écrit la suite
2) je n'aime pas lire de longs billets, et donc je ne publie pas ce que j'aime pas lire

Au bout de 10 ans de vie commune, dont les quatre 1ers ^[1] sans véritable tension^[2], ma femme se transforme très (trop) régulièrement en une hystérique (à la limite de la violence physique) toujours violente verbalement (de l'insulte à la menace de se "casser").

Je suis un enfant du divorce qui s'est promis d'avoir un "vrai mariage"^[3]
c'est-à-dire de faire les efforts et compromis nécessaires à sa stabilité
(mais sans pour autant supporter à vie une relation devenue inexistante voire pénible).

Les crise d'humeur de ma femme me touchent donc particulièrement car je le ressens comme un véritable échec, la preuve qu'elle n'est pas heureuse.
Et je ne peux m'empêcher de penser un "et si cela finissait?",
Et vraiment cela me fait mal..

N'empêche que depuis quelques temps, quand elle commence à s'emporter, au lieu de polémiquer méchamment (vexé que je suis de ne pas la rendre heureuse),
je me répète intérieurement un nouveau mantra "c'est pas ma faute, c'est pas ma faute, c'est pas ma faute" en restant le plus zen possible…

Et effectivement, ce n'est pas ma faute (mais celle de son boss et/ou des enfants et/ou de la météo pourrie …), c'est juste un trop-plein de stress qui s'évacue.

J'essayais d'être le barrage qui contrôle le lac familial, mission impossible.

Je me contenterai d'être la maison paradisiaque, ancrée sur pilotis.

Aux dernières vacances, nous avons pris plaisir à visiter le Mont Saint-Michel.

J'ai été fort étonné de croiser dans ce temple du tourisme (Le Mont Saint-Michel s'est dévoyé à la gloire de Saint-Brouzouf, manifestement une déité vénérée en Asie) des défibrillateurs accrochés aux murs^[1].

Traduction issue du livre: Qui surveille les surveillants?
Traduction de ce billet: Qui regardera le film The Watchmen?

Personnellement je ne pense pas aller le voir.
Pourtant j'adore ce comic, j'ai acheté les 6 tomes (Editions Zenda) il y a une quinzaine d'années et je les ai lus maintes et maintes fois.

C'est un roman magnifique: un scénario fantastique (aux multiples sens du terme) semé de questionnements philosophiques et sociétaux particulièrement intéressants.^[1][2]


Et pourquoi donc n'irais-je pas le voir?

Car on me prend pour un con!
Car 95% des publicités que j'ai vues sont de ce type là:

Une photo du "Silk Spectre" ("Spectre soyeux" en traduction française sonne moins bien) histoire d'attirer le mâle (avec un petit "m").

Il m'est proprement intolérable qu'un scénario de cette qualité soit gâché par un marketing aussi pourri et basique (avec un petit "p" et un petit "b", comme dans "p'tite bite")

Il y a quelques années, un extrait de publicité m'a beaucoup marqué: une mère africaine allongée à côté de son bébé (cela finissait en logo GDF).

Dans les normes françaises, dormir à côté de son enfant est une pratique très mal considérée ^[1]:
ce préjugé étant un mélange de "tanguyisme" (la séparation sera difficile) et de pudeur incongrue (j'ai le droit de torcher mon môme, mais pas de l'approcher quand nous sommes en pyjamas?^[2]),
notions relatives à chaque individu, donc normées uniquement sur la vox populi du moment^[3].

Pendant ces vacances, du fait de dormir en famille dans une seule chambre, j'ai renoué avec le plaisir de sentir contre moi ces petits corps qui se pelotonnent: un vrai régal^[4].

Je terminerais sur une petite phrase de mon aînée, énoncée d'un sourire ravi:
Dans la nuit, j'ai cru que Jidounet c'était mon doudou. Je me suis réveillée avec deux doudoux.

Les connards qui font du 140 pour piler à 110 quand il y a un radar sont des connards dangereux!!^[1]

Deauville et le Mont-Saint-Michel c'est bien
Les hôtels en amoureux c'est mieux!!! ^[2]