Trentaine ordinaire

De par ma mère, je tiens une insulte peu commune que nous utilisons pour une catégorie de gens que nous surnommons les "théâtreux".

Nous ne visons pas en cela les personnes qui font du théâtre mais ceux qui croient que les ressorts du théâtre fonctionnent dans la vie réelle.

Notamment ce sont des personnes qui croient qu'en une seule phrase bien choisie elles vont modifier le comportement d'un interlocuteur.
Souvent elles vont te prévenir de l'importance de leur sentence "Tu sais moi, j'ai l'habitude de dire la vérité" ou "je dis ce que j'ai à dire" afin que, bien concentré sur leur paroles, tu te prennes de plein fouet une réflexion extrêmement désagréable (et le plus souvent mesquine et méchante).

Et fières d'elles, elles voudront en plus que tu les remercies de leur franchise.
Ben oui, toi tu n'avais pas réussi à remarquer que ton gamin avait des problème d'élocution à 4 ans passés: c'est sûr que le fait de te l'entendre dire, ton gamin à portée de voix et qu'en plus c'est sûrement de ta faute car tu ne t'en occupes pas assez bien, ça va résoudre le problème miraculeusement^[1]!!

De temps en temps le théâtreux se veut plus subtil et se gargarise d'un bon mot ou d'un beau geste: vous le trouverez pouffant tout seul, puis il prendra un air suffisant pour vous expliquer qu'il a complètement démoli son (connard de) chef, figure-toi que maintenant il ne va plus dans le bureau de son chef pour lui dire bonjour le matin, comme ça son chef comprend bien qu'il désapprouve le fait de ne pas avoir eu d'augmentation, Ah! bien embêté le chef! Na!

Pfff, pathétiques théatreux....

Je pense que mes interlocuteurs ont été peu sensibles à mon argumentaire.

Que oui je demande à ma fille (8 ans: je devrais plutôt dire mon enfant) de ne pas porter sa brassière/soutien-gorge de maillot de bain^[1]

Que non je réfute que "c'est ce qui se fait pour les filles".
Je me répète: sa qualification en tant de fille est (actuellement) uniquement génitale et non pas sexuelle.

De mon point de vue, une brassière est un vêtement à connotation sexuelle,
Donc en porter est une façon implicite d' accepter/supporter une sexualité.

Par extension, je suis de prime abord contre l'exhibition des autres symboles sexuels usuels que peuvent être boucles d'oreilles, maquillage (vernis, rouge,…)…

Attention, je n'en suis pas encore au point où je demande à ce que les enfants s'habillent de vêtement neutre pour nier l'existence de différences physiques
je demande juste à ce que les vêtements (et maquillages) ne soient pas des artifices sexuels implicites.
Une gamine de 12 ans avec un string qui dépasse, ce n'est pas sain^[2]

Dimanche de janvier, déjeuner entre couples d'amis: il fait trop froid pour une promenade digestive, on passe alors par l'épisode de l'exhibition de photographies de part et d'autre (chiant pour les pères, mais à priori prémédité par les mères: vous ne vous baladez quand même pas avec une cinquantaine de photos de vos dernières vacances dans votre sac, si?).

Finalement je ne me suis pas ennuyé: j'ai dû faire front à une fronde de censeurs/culpabilisateurs.

Figurez-vous que la tenue de ma fille de 8 ans pour la plage/piscine est le diabolique monokini.

Chose aggravante, j'ose en prendre des photographies et les montrer, c'est vous dire si c'est grave.

Et le comble fut atteint lorsque j'ai répondu clair et net aux visages condescendants ("peut-être que ta fille ne t'obéit pas et s'habille comme elle le veut","on ne veut pas que ses enfants grandissent") devenus horrifiés et incrédules que ma fille avait comme consigne paternelle de porter sa brassière le moins possible.

Sur la plupart des visages s'énonçait clairement que je livrais, en connaissance de cause, ma fille en pâture aux pédophiles et autres pervers!!!

Cher lecteur, figure-toi que pendant ces vacances, je suis allé au cinéma avec ma douce.

Ok, c'est vrai que présenté comme cela ce n'est guère palpitant,
mais si je rajoute que cela devait bien faire 1 année que je n'y avais pas mis les pieds,
et que la moyenne doit avoisiner 1 fois tous les 2 ans…
ben c'est pas palpitant non plus ;-)

Bref, sortie en couple
donc tu penses bien (et juste) que ce n'est pas moi ai choisi le film
(attention: on est un couple d'égaux, ma femme choisit le film mais moi je choisis la salle hein, va pas croire que je n'ai aucun pouvoir de décision!)

Pour ta curiosité, c'était "Un balcon sur la mer".
Franchement j'ai apprécié
mais bon, avec 1 ciné par an (et à presque 10 euros la place) moi je ne fais pas le difficile: si jamais je n'appréciais pas, cela me gâcherait vraiment la soirée.

Ce billet n'est pas là pour parler du film,
il est là pour m'excuser auprès de mes voisins de salle:
A force de soirées télé, il nous est maintenant impossible à ma femme et moi de ne pas parler^[1]

+1,5 kilos seulement sur la balance:
parfait, ça devrait partir en moins d'un mois.





-1 dans la fratrie:
nous avons perdu la plus jeune sœur lors de ce Noël: engueulades (téléphoniques, ça n'a pas ruiné le réveillon) à répétition suite à un excès de jalousie long d'une trentaine d'années.
De son point de vue elle n'a pas reçu autant d'amour que ses aînés^[1]).
De notre point de vue, y'en a marre de faire des efforts pour cette gamine gâtée de "petite dernière".

+1 dans les neveux:
nous avons revu un neveu (de 5 ans) invisible depuis 3 ans (cause divorce).

L'un dans l'autre, c'étaient de bonnes vacances^[2].