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Trentaine ordinaire

Petit journal extime d'un trentenaire ordinaire        

vendredi 2 septembre 2005

C'est la sortie

[1]

Depuis 2 jours, l'ambiance au bureau a changé perceptiblement et j'ai fini par comprendre : ça y est, la sortie est arrivée.
L'immeuble vient de laisser partir ses quelques dizaines de "jobs d'été", ces petits jeunes qui ont pour fonction de répondre aux téléphones afin de faire croire que l'entreprise n'est pas arrêtée.

Ils sont mignons ces jobétéistes, ils arrivent par fournée (1er juillet et 1er août) tout tremblants, tout bien astiqués puis prennent de l'assurance et des plis (de vêtements, pas de rides) au fur et à mesure que les jours passent.

Dès qu'ils sont là, l'ambiance change : les mâles du boulot (le plus souvent pourtant associaux et surtout pas dépanneurs) se sentent d'un coup l'âme pédagoque et n'hésitent pas à aider au débourrage de la photocopieuse.
Les femelles elles profitent des températures estivales (mais c'est climatisé en dedans, c'est –presque- la même température tout au long de l'année voire plus froid pendant l'été) pour exposer plus de surface celluliteuse que d'habitude et ne pas se sentir trop délaissées/ridicules face à cet afflux de chair fraîche largement dévoilée (ou voilée très finement ce qui est souvent pire).

On assiste avec attendrissement au spectacle des dames quinquagénaires qui retrouvent leurs instincts de mères poules devant ces petits poussins d'un petite vingtaine d'années.

On assiste avec ébahissement/énervement aux roues ridicules de vieux paons devant des donzelles (plus jeunes d'au moins 10 ans dans le meilleur des cas) qui les écoutent d'un air distrait et dont une main envoie un sms à leur copain.

Mais au dessus de toutes ces manifestations bucoliques flotte une certaine tension: en effet le jobétéiste est une menace en puissance.
Et oui, la plupart du temps, le jobétéiste doit sa présence à la propre présence d'un des membres de sa famille dans l'immeuble : potentiellement le jobétéiste peut donc être autant la progéniture du portier que le neveu d'un grand chef.

Il convient donc de faire très attention à ce que l'on dit en présence d'un jobétéiste car on ne sait pas où, comment et à qui cela pourrait être répété/amplifié et donc forcément ça mine les conversations.

Et ça y est, maintenant que tous les éventuels espions sont partis, je peux vous dire que les commérages à la machine à café sont repartis.

Ah, ça fait du bien de dire du mal des chefs.

Notes

[1] Ce billet a été initialement publié sur mon ancien blog

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