Trentaine ordinaire

Voici une version moderne du supplice de Tantale.

Prenez un famille ordinaire (2 parents, 2 enfants de 6 et 2 ans).

Mettez-les en situation ordinaire du matin:
Télé allumée dans la chambre ^[1]
Un père qui supervise les opérations d'habillage ^[2].
Une maman qui se prépare ^[3], et qui peste toutes les 3 minutes car ses fringues ne sont pas coordonnées et qu'elle n'a rien à se mettre ^[4]

Et puis la petite phrase anodine en apparence:

Rah, j'ai plus de chaussettes longues… et il fait trop au bureau pour les collants

Scêne finale:
Un mari les yeux exorbités ^[5] qui contemple impuissant ^[6] (les mains sur l'élastique d'une couche) sa femme en sous-vêtements qui enfile des dim-up : tantale dans sa splendeur.



Finalement, dans la série "Dora la zombificatrice l'exploratrice est mon ami" je suis arrivé en retard au boulot, mais cela valait la peine.

Parce que je ne saurais de toute façon pas trouver de mots pour soulager/consoler (y en a t-il d'ailleurs?), je lis le tubercule mais sans commenter.

Cela me rappelle douloureusement ma Rupture, celle qui survenue après 5 ans de bons et (plus ou moins) loyaux services.
Ok, nous n'étions pas fait pour vivre ensemble (comme beaucoup de couples qui se connaissent à 18 ans) mais putain ce que cela fait mal quand même (surtout quand c'est toi le largué).

1 an après, je l'ai eue au téléphone (presque) par hasard et j'en étais tellement oppressé que finalement je n'avais qu'une envie: raccrocher.
Bref non seulement ça fait mal, mais en plus cela reste enfoui, et pendant longtemps pas bien loin de la surface.

Surtout je me souviendrais des dernières minutes de tête-à-tête (pour situer le contexte, elle partait avec quelqu'un autre, qui effectivement lui convenait bien mieux que moi: des musiciens tous les deux):
Moi chialant que je l'aimais (prêt à la partager pour la garder: on est trop con quand on est amoureux)

Et elle:

Arrête de me dire que tu m'aimes, c'est déjà assez difficile de te quitter.

Y'en a qui n'ont pas honte de ce qu'ils disent!

Mon fils de 20 mois a peur de s'endormir ces temps-ci le soir.

Aucun problème pour la sieste, mais le soir il me regarde avec les yeux de Bambi et gémit d'une voix pitoyable (et impitoyable).

Il est tellement fort à ce jeu là que ma femme a interdiction d'approcher à moins de 10 mètres de la chambre sinon elle sait qu'elle ne résistera pas au besoin/désir de le prendre dans les bras pour le réconforter.

Trop forts les gosses de maintenant (ou trop mous les parents de maintenant), je parie qu'ils vont nous bouffer tout crus avant même l'adolescence.

Soirée ménage ordinaire
Madame se plaint de faire toute le ménage à elle toute seule (parce qu'empêcher les gamins de marcher sur le sol humide, les coucher,… bref ce que monsieur se retrouve à faire pendant que madame se plaint fait autre chose ça compte pour du beurre!).

Une fois les gamins couchés, hop éponge dans une main, CIF dans l'autre, direction la porcelaine (lavabos, cuvettes, baignoires et bac à douche) – et même les miroirs en passant (avec du lave-vitre hein, pas avec du CIF).

Petit coup rapide sur les articles précités, je range les accessoires et pars m'installer devant la télé.

Je me fais héler au passage par ma femme qui prend en témoin sa sœur au téléphone:

Déjà fini? Tu viens juste de commencer! Pfff Trop vite fait pour être bien fait

(en sous-entendu le leitmotiv habituel: les mecs sont des porcs, ni fait ni à faire, on doit toujours repasser derrière eux, c'est quand que tu me payes une femme de ménage…)

Je remarque alors qu'elle n'a pas bougé de place depuis j'ai pris l'éponge sous l'évier (elle venait juste d'avoir sa sœur au téléphone).
Je me rapproche, jette un coup d'œil sur le téléphone et annonce triomphalement (ben oui, le plus souvent je suis en tort, alors quand je n'y suis pas j'en profite):

22 minutes tout de même: honorable pour un mec, surtout pendant que sa femme parle au téléphone le cul posé sur une chaise.

Les victoires les plus mesquines sont les meilleures.