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Trentaine ordinaire

Petit journal extime d'un trentenaire ordinaire        

lundi 31 août 2009

Circulation en vrac

J’ai souvent honte de nos feux rouges : je pense que dans le futur, nos très lointains descendants seront stupéfaits de constater que nous étions tous trop cons pour nous arrêter aux carrefours et nous laisser passer à tours de rôle, de telle sorte que, comme la cloche pour la vache et la roue pour le hamster, il nous fallait des petites lumières rouge et verte pour être polis, et simplement intelligents… Je suis pour ma part persuadé que si on les supprimait, il y aurait moins d’accident, parce que tout le monde regarderait et ferait attention à se sécurité, plutôt que de foncer comme un bourrin dès le top vert donné, quitte à maudire, ou à tuer, la petite fille qui a le malheur et l’outrecuidance de passer à pied après ce top d’abrutis en travers de notre route…

Cette longue citation de Maitre Mo m'a fait penser à la circulation à Béjaia.

Petite précision il existe des feux tricolores à Béjaia,
mais ils ne fonctionnent pas (il semblerait qu'ils aient été vandalisés lors d'"émeutes")

Les grands carrefours sont gérés grâce aux forces de l'ordre (debout, en uniforme, des heures, sous le soleil: JDM).

Pour les autres croisements, cela ressemble de loin à la loi de la jungle (il vaut mieux être fort et/ou rapide) et donc s'apparente énormément à la circulation parisienne[1].

De près, les différences sont subtiles mais bien présentes.
Par exemple c'est plus un jeu que de la survie: il y a beaucoup de bluff et vous obtiendrez le plus souvent un sourire si vous arrivez à passer le premier.
En revanche si vous montrez de l'hésitation, vous serez houspillés.




Sinon dès que vous sortez de la circulation urbaine, c'est le dépaysement total.
Soit vous êtes sur une petite route avec des nids-de-poule nids-d'-autruche tous les 15 mètres qui vous obligent à vous concentrer,
Soit vous êtes sur une route rapide (avec ralentisseur tous les 5 kilomètres) et là des malades doublent à tort et à travers (à force, un terre-plein central a même été construit: pour faire demi-tour, il faut aller à 15 kilomètres!)




Allez une petite photo pour la route (désolé de la qualité, avec la poussière impossible d'avoir un pare-brise propre): une petite dizaine de personnes dans le fourgon.



Notes

[1] Conseil au néophyte: pas de mouvement brusque et surtout ne pas montrer sa peur.

dimanche 30 août 2009

Histoire croisée

Je précise que cette chronique est basée sur des faits absolument réels[1]

que dans un film tu insultes le scénariste tellement ce n'est pas crédible.


Scène 1.

2004, dîner dans ma belle-famille.

Un des fils de la maisonnée (venue avec sa conjointe Cécile) débute une conversation anecdotique:

Tu sais maman? Dernièrement, on a mangé avec Corinne, une cousine de Cécile sur Fécamp.
Elle ne connaît pas son père, elle sait seulement qu'il est algérien.
Le nom de famille de son père c'est Foudil comme toi, c'est marrant, hein?

Et mon beau-père:

Ah Fécamp! J'ai bossé quelque temps là-bas il y a bien 40 ans.
Avec Jamil, le frère de votre mère.

Léger blanc.

Euh donc pépé? Il y a 40 ans, tu travaillais à Fécamp avec ton beau-frère, Jamil Foudil, c'est bien ça?
Il est devenu quoi?

Revenu au bled depuis, marié, 4 enfants (1 fille, 3 garçons), mort en 2002 ou 2003.




Scène 2.

En 2005, nous avons péleriné au village d'origine de mes beaux-parents:
la propriété maternelle y est grande et bien remplie (2 maisons/immeubles à 2 étages pour 4 générations et au moins 7 familles -je n'ai pas réussi à saisir toute la complexité).

De questions discrètes en réponses franches, il est apparu notamment les faits suivants:
Oui, Jamil savait qu'il avait une fille en France.
Non il ne s'en cachait pas, c'était même une sentence qu'il avait plusieurs fois assénée "si vous me faites trop chier, je vais partir en France vivre avec ma fille[2]"


Scène 3.

En fin de vacances nous étions devenus des messagers porteurs d'espoir:
la fille de Jamil avait enregistré sur notre caméscope quelques minutes d'une déclaration absolument poignante et totalement lacrymale.

Cela rendait un peu comme cela:

Corinne, c'est moi ta sœur Leila. Dis, pourquoi tu viens pas nous voir? Tu sais je n'ai pas de sœur moi, je n'ai que des frères. Je voudrais te voir. Viens nous voir, tu seras bien reçu ici. Allez viens!

Je vous le jure: tu regardes la vidéo, tu chiales, c'est automatique.



Découpage vidéo sur le pc, gravage des 3 minutes sur cd, passage du cd à Céline qui l'a donné à sa cousine Corinne.





Bref, Corinne a visionné la vidéo...

mais n'a jamais donné suite.



Scène 4.

C'est Brian, le fils de Corinne, qui, du haut de ses 20 ans, a pris les choses en main au bout de quelques mois.

Bon maman, ok tu as peur d'être déçue mais tu ne peux pas t'arrêter là.
Donne moi tout ce que tu sais sur mon grand-père, je vais appeler.

Il s'est entretenu plusieurs fois avec le fils aîné de Jamil (sûrement son oncle donc) et tout correspondait:
d'un côté les noms des parents de Jamil inscrits dans la mémoire de la mère de Corinne,
de l'autre des lettres attestant de la naissance d'une fille prénommée Corinne
(et sûrement d'autres choses, ces faits m'ont été rapportés brièvement par Brian)

Et donc en 2007, accompagnée de son fils Brian, Corinne est allée faire connaissance avec la branche paternelle de sa famille.


Dénouement.

Je ne saurais vous dire le degré d'émotion dégagé lors de la rencontre, je n'y étais pas.

Tout ce que je sais, c'est que durant leur séjour l'oncle a fait une proposition à son neveu Brian:

Ma femme a une jeune sœur, encore célibataire
Cela ne te dirait pas de la marier?

Cette année, au bled, nous avons participé aux fiançailles de Brian et Latifa!!!!


Notes

[1] Les noms et prénoms ont été modifiés

[2] Note du rédacteur: ce genre de menace me fait doucement sourire, je n'arrive pas à imaginer cette situation où un enfant (trentenaire) verrait débarquer son père inconnu.

mercredi 12 août 2009

Saga bagagiere

Avant de partir, je vous parlais des fameux bagages qui s'amoncellaient.

Comme de temps en temps, on pense que je fais du mauvais esprit, que j'exagère: jetez donc un coup d'oeil aux photos suivantes.




12 bagages[1] à mettre dans la soute (pour un total supérieur aux 120 kilos prévus),
et encore je ne parle pas des bagages à main!!!

Je rappelle que le billet d'avion donne droit à 30 kilos de fret, et qu'aucun bagage ne doit faire plus de 32 kilos (un couple pourrait théoriquement arriver avec une valise de 60 kilos, à la manipulation et manutention plus qu'hasardeuse [2]).

Bon ok, nous avons triché: comme nous accompagnions un petit cousin qui voyageait seul, nous avons utilisé ses kilos de fret, 5 personnes soit 150 kilos possibles - avec les 13 bagages, nous avons atteint .... 143 kilos!


Dans tous ces nombres, il y en a un de particulier, saurais-tu deviner lequel?


Et oui, 13.

Et à l'arrivée, nous avons eu beau compter et recompter, nous n'arrivions qu'à 12.

Pas grave, sur un tel nombre, ce sera forcément un paquet peu important, genre un de ceux des cadeaux pour la famille.

Et ben non: les robes neuves, les sous-vêtements adultes et mes produits de toilettes (dont mes lentilles de vision[3], arggggg).


Bon, elle a fini par arriver 4 jours après (Paris-Alger; Alger-Paris ; Paris-Bejaia) : il n'y manquait qu'une robe et la bouteille de whisky.


Pour clore sur le sujet bagages, nous sommes repartis avec seulement 7 valises sur les 12 initiales:
le pélerinage au bled coûte plus cher en cadeaux qu'en billet d'avion!

Notes

[1] A la réservation du taxi, nous avons précisé "monospace"

[2] D'ailleurs un des embarquants a dû vider une de ses valises devant le comptoir, elle pesait 37 kilos.

[3] léger coup de chance, dans un autre endroit, j'avais une paire de lunettes (pas sortie depuis au moins 5 ans)

mardi 11 août 2009

Bleditude

La question récurrente associée à mon statut d'"homme marié à une femme d'origine maghrébine" est

mais tu es déjà allé là-bas?

Et oui en 2005

Et même que je viens d'y retourner cette année!


J'ai fait le plein de soleil et de souvenirs (que j'espère arriver à coucher sur ce blog).

Je ne me prétends pas ethnologue ou philosophe à la BHLevi-Strauss et tout ce que j'écrirai sera tout à fait subjectif.

J'éviterai au maximum les comparaisons "c'est mieux, c'est pire" : il n'y a que des différences[1].


Notes

[1] Pour moi, ceux qui s'obstinent à comparer sont incapables d'apprécier le présent: à la comparaison s'associe toujours une plainte, un regret....